Evocation artistique de la procession multiséculaire de notre village.
Nous avons vu au chapitre Vie Associative – La Confrérie, toute l’importance que revêtait pour les symphorinois le Grand Tour, cette procession très ancienne parcourant pendant 15 kilomètres, dès six heures du matin, le jeudi suivant la Pentecôte, les limites de notre village de Saint-Symphorien.
Les participants quittent l’église à 06.00h et empruntent l’itinéraire suivant :
– rue François Marcq, chaussée Roi Baudouin pour la chapelle sise “Taille Cuvelier”, vers 06h35 ; – chemin à Baraques, sentier Brulotte, rue P.Dufour – arrêt à la chapelle du Cerneau, vers 07h15 ; – rue J. Antheunis, avec arrêt à la chapelle “N-D de Fatima”, vers 07h30; – rue des Résistants et chemin d’Havré, avec arrêt au “Calvaire”, vers 07h50 ; – rue Blancart avec arrêt à la chapelle “N-D des Sept Douleurs”, vers 08.00h ; – chemin Saint-Drion avec arrêt au cimetière militaire, vers 8h15 ; – rue A. Duquesne en direction de la barrière de Spiennes. Pause de 08h45 à 09h45 ; – chaussée de Beaumont en direction de Mons, chemin des Vaches, cité du Bois de Mons ; – rue P. Dunan, avenue G. Maigret avec arrêt à la chapelle “N-D de Lourdes” vers 10h30 ; – rue F. Maigret et la Place vers 11.00 heures.
Nous vous proposons une évocation artistique du Grand Tour constituée d’aquarelles réalisées par Gérard Noirfalise (noirfaliseg@yahoo.fr) à l’occasion de l’exposition commémorant le 830ème anniversaire de l’arrivée de la châsse dans le village.
Gérard Noirfalise a remarquablement reconstitué dans une aquarelle ce que pouvait être le village de Saint-Symphorien au XVème siècle. L’occasion de nous y plonger.
Il n’est pas inutile d’élargir notre vision et de replacer la vie de notre village dans son contexte historique du XVème siècle.
Le terme « Renaissance » qu’on applique traditionnellement aux XVème et XVIème siècles est trop étroit pour définir dans toute sa vigueur la grande révolution qui se situe à cette époque.
Aux XVème et XVIème siècles naît le Monde Moderne. Les découvertes géographiques ne renversent pas l’évolution économique ; le stade de l’économie urbaine était déjà dépassé avant elles. Mais elles accélèrent et amplifient le mouvement.
Les succès de la Réforme (Luther et Calvin) ne peuvent être séparés du contexte social et économique. L’industrialisation croissante et les progrès du capitalisme avaient provoqué l’apparition d’un prolétariat qui voit dans les doctrines nouvelles l’unique issue à sa misère. C’est peut-être là que réside la différence essentielle entre les hérésies du Moyen-Age et le protestantisme.
Au Moyen-Age, quelques clercs avaient toujours conservé de l’intérêt pour l’antiquité. Au XVème siècle, cet intérêt s’infiltre dans des milieux plus larges. Il leur apporte la révélation d’un nouveau type d’homme, qui n’est pas simplement copié des Grecs ou des Romains, mais qui tend à s’émanciper de l’esprit médiéval et de sa ferveur chrétienne.
En même temps, le Monde Moderne découvre l’Etat. Le droit romain, l’esprit de centralisation et les aspirations à l’hégémonie avaient agi dès les XIIème et XIIIème siècle, et dès cette époque, les puissances temporelles s’étaient servies de la religion à des fins politiques. Mais aux XVème et XVIème siècles, l’esprit est autre. Le souverain, qui n’est plus bridé par des principes féodaux ou théologiques, est reconnu comme source de droit. On identifie sa personne avec l’Etat, et ses rêves de domination, qu’un système d’alliance doit aider à réaliser, n’ont plus en vue le bien commun de ses sujets mais la grandeur de l’Etat.
L’emploi généralisé de l’artillerie obligea les villes à édifier des remparts plus solides et les châteaux à renforcer leurs défenses. Les multiples conflits du XVIème siècle entraînèrent de nombreuses destructions. Le château perdit progressivement sa fonction militaire ; celle-ci fut limitée à une action plus symbolique que réelle.
Dans le village de Saint-Symphorien, la vie paraît plus calme. La seigneurie du village est aux mains de la famille GHELET dont un des membres, Jean, sera échevin à Mons en 1437, 1450, 1452 à 1456 et chef échevin en 1457, 1459, 1463 à 1466, 1468 à 1472. Jean Ghelet meurt en 1481 et est enterré en l’église Saint-Nicolas à Mons (source cercle Heraldus de Mons).
Au point de vue relidieux, l’Ordre de Malte dont « l’hospital » càd le siège où, originairement, les fidèles de retour des croisades étaient accueillis, est établi dans le village à l’emplacement de ce qui deviendra au XVIIIème siècle la cense de l’Ordre. Voyez la rubrique à ce propos et constatez l’emplacement des bâtiments de l’Ordre sur l’évocation de Gérard Noirfalise et le plan cadastral ci-dessous. Le combat d’influence entre l’Ordre et l’abbaye d’Epinlieu fait rage. De nombreux litiges seront tranchés par la Cour du Hainaut.
Comme nous l’avons vu dans l’introduction historique, le droit (romain) prend une place décisive dans les rapports entre les individus et « les institutions » (ordres religieux, seigneurs locaux voire institutions entre elles et particuliers entre eux). Les archives de l’Etat à Mons possèdent de nombreux écrits attestant des litiges tranchés à cette époque et d’actes juridiques conclus.
Pour illustrer notre propos nous mentionnerons : – la sentence rendue le 9 novembre 1388 par la Cour de Justice du Hainaut au sujet de coups portés au bailli d’Epinlieu par ordre du Commandeur de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem en Hainaut et Cambresis ; – jugement rendu le 23 décembre 1461 au château de Mons sur un différend entre l’abbaye d’Epinlieu et Jean GHELET au sujet « du terrage et de la haute justice de Saint-Symphorien » ; – 1490 : sentence au profit du Commandeur de l’Ordre concernant « l’affermage de la bière à Saint-Symphorien » ; – 19 mai 1501 : bail à ferme de l’immeuble abritant l’hôpital de Saint-Jean de Jérusalem (Ordre de Malte), maison, colombier et dépendances octoyé, pour 18 ans, à Estiévenne WILLEMART, laboureur demeurant à Saint-Symphorien ;
Le XVIème siècle connaîtra de très nombreux litiges entre les trois « pouvoirs locaux » à savoir l’Ordre de Malte, l’abbaye d’Epinlieu et le seigneur de Saint-Symphorien.
Une campagne de fouilles entreprise en décembre 1950 et poursuivie du 12 au 27 janvier 1951 permit de mettre à jours des fondations gallo-romaines ainsi que 663 objets divers datant du IIème siècle après J-C.
La relation complète des fouilles a été effectuée par J. Mertens dans une étude parue dans les Annales du Cercle Archéologique de Mons – 1950/1953 – Tome 62 – pages 59 à 78. Le texte intégral de cet article se trouve dans la Bibliothèque rubrique « Actes et documents anciens ».
En juin 1888, dans une carrière à phosphate sise entre l’ancien moulin à vent de Saint-Symphorien (rue Blancart) et le village (à environ 500 mètres en deçà de l’actuelle Chaussée Roi Baudouin) furent découvertes des fondations romaines. Un groupe d’archéologues composé de MM. de Loë, de la Roche, Saintenoy, de Munck et van Sulper se rendit sur les lieux et fit les constatations d’usage. Parmi les débris recueillis à l’époque, citons, outre les matériaux de construction, des tessons de vases de toutes formes et de toutes couleurs ainsi qu’un fragment de tuile portant l’empreinte d’une patte de chien ou de chat. Y fut également découvert un tesson de tasse en terre sigillée portant la marque du potier VIMPUS. Les archéologues mirent fin à leurs fouilles en insistant sur le fait que d’autres fondations romaines restaient encore à mettre à jour dans les environs immédiats.
Ce n’est qu’en décembre 1950 ainsi que du 12 au 27 janvier 1951 que de nouvelles fouilles furent entreprises à proximité du lieu des premières découvertes réalisées le siècle précédent. La parcelle qui fut cette fois analysée de manière systématique est reprise aux cartes constituant les figures 1 à 3 ci-dessous. A l’initiative de ces nouvelles fouilles se trouvaient MM. J. Mertens, Houzeau de Lehaie et Lefort (surveillant au « Musée du Silex » de Spiennes).
Toutes les fondations romaines de Saint-Symphorien reposaient à un peu plus d’un mètre à peine de profondeur et se trouvaient dans le limon récent. Dix-huit tranchées furent réalisées lors de cette nouvelle campagne de fouilles (figures 4 et 5).
Quant aux objets découverts, ils furent de nature diverse. L’inventaire complet des trouvailles comportait 663 numéros dont la grande majorité faisait référence à des tessons de poterie. Citons à titre d’exemple : 1. objets en métal : une pièce de monnaie en bronze de Trajan (98-117), une broche en bronze, des clous en fer forgé ainsi que l’objet représenté à la figure 6 (entrave de cheval ?) ; 2. objets en verre : trois fragments de cruches carrées en verre bleu verdâtre (IIème siècle) ; 3. de nombreux fragments de céramiques des Ier et IIème siècle, de petites cruches, des poteries en terre grise (figure 7 : céramiques en terre sigillée) ; 4. ossements de chien, chat, chèvre, mouton, porc, cheval, défense de sanglier ; 5. objets divers (fragments de meule) et matériaux de construction (fragment de tuile portant l’empreinte d’une patte de chien – cf. supra la première campagne de fouilles de 1888).
L’analyse des objets découverts permet de conclure que le bâtiment dont les fondations furent mises à jour a été occupé par de modestes paysans durant tout le IIème siècle et jusqu’au début du IIIème. Le bâtiment même présente un plan des plus simples (figure 8). La longueur totale est de 20,60 mètres, la largeur n’étant pas connue (fondations démolies lors de l’exploitation de la carrière). Les faces Ouest, Nord et Est sont délimitées par des murs droits tandis que dans la zone méridionale, vraisemblablement la façade, les deux ailes dépassent largement la partie centrale. Cette disposition est courante dans les villas romaines quoiqu’en général les saillies soient moins marquées ; souvent les deux ailes sont reliées par une galerie couverte. A Saint-Symphorien, celle-ci ne reliait pas les deux ailes (aucune trace de mur bas servant de socle). Les deux ailes sont exactement de la même largeur de 5,20 mètres. Malheureusement, leur longueur reste inconnue, puisqu’elles ont été démolies lors de l’exploitation des phosphates. La largeur de la partie centrale est également de 5,20 mètres de sorte que nous avons ici en réalité un long couloir divisé en trois partie entourant une cour centrale, ouverte ( ?) vers le Sud.
Les déchets de cuisine, les ossements d’animaux etc., indiquent que ce bâtiment a servi d’habitation. Ne lui donnons pas le nom de villa ; c’était plutôt une petite ferme toute simple, de plan pratique pour un climat comme le nôtre : il s’agit de s’abriter des vents d’Ouest et du Nord et la façade avec la porte et la cour intérieure donnent en plein midi.
La raison de l’abandon de l’édifice restera inconnu.
Encore une belle histoire…
Dernière nouvelle : le 4 janvier 2011, une habitant du village, M. Vincent Ronquier, découvrit sur le territoire du village, une pièce romaine datant de la République sous Jules César ! Pour les spécialistes, il s’agit d’un « quinaire de Fulvie » en argent. Seulement 32 de ces pièces furent, à ce jour, trouvées dans le monde. Pour plus d’informations concernant cette pièce, voyez : http://www.cgb.fr/monnaies/vso/v25/fr/monnaiesb55b.html
Le 9 septembre 1572 Saint-Symphorien fut le théatre d’affrontements entre les armées du Prince d’Orange et du duc d’Albe.
Schéma chronologique de la rubrique : 1 – 24 mai 1572 : la place forte de Mons est prise « par ruse » par Louis de Nasseau (Hollande), 2 – 23 juin 1572 : la ville de Mons détenue par Louis de Nasseau est assiégée par le duc d’Albe (Espagne) en vue de la libérer, 3 – septembre 1572 : Guillaume d’Orange fait campagne pour délivrer son frère Louis assiégé.
Durant la campagne de septembre 1572, l’armée du prince Guillaume d’Orange venu au secours de son frère Louis de Nasseau campa sur le territoire du village de Saint-Symphorien.
La gravure représentée ci-dessous se rapporte à une manœuvre tentée le 8 septembre 1572 en vue de dégager les assiégés. On découvre, à la gauche de l’image, venant de Saint-Symphorien, l’armée du Prince d’Orange précédée de l’artillerie s’avançant vers les défenses espagnoles. A l’avant plan, la cavalerie du prince affronte les fantassins du duc d’Albe, ces derniers appuyés par des arquebuses et des canons placés derrière un talus. Au centre, légèrement sur la droite, on constate que les soldats espagnols reculent tandis que la cavalerie du duc d’Albe vient à leur secours. Trois compagnies de lanciers, tenues en réserves, encadrent le duc.
Le lendemain, soit le 9 septembre 1572 eut lieu, entre Harmignies et Saint-Symphorien, une nouvelle bataille entre les troupes espagnoles et l’armée du prince d’Orange. Le village d’Harmignies fut mis a sac par l’armée espagnole victorieuse de la confrontation.
[Sources : Ronald de Graaf, Oorlog mijn arme schapen, 171 – Gravure et légende : Images de Mons en Hainaut, La Renaissance du Livre 2006)]
Aussi loin que l’on puisse remonter dans les écrits, on constate que l’Ordre est omniprésent au sein du village aussi bien sous l’aspect temporel (protection des personnes et des biens, terres, fermes, moulin…) que spirituel (culte, église).
Selon les chroniqueurs, des marchands de l’ancienne république d’Amalfi ont obtenu du calife d’Egypte l’autorisation de construire à Jérusalem une église, un couvent et un hôpital destinés à soigner les pèlerins malades – sans distinction de race ou de religion. Les Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem – la communauté monastique qui administrait l’hôpital pour les pèlerins en Terre Sainte – deviennent un Ordre religieux, indépendant, sous la conduite du bienheureux Gérard. En effet, par une bulle papale promulguée le 15 février 1113, le Pape Pascal II consacra la fondation de l’Ordre et le plaça sous la protection du Saint-Siège, lui assurant le droit d’élire ses chefs sans l’intervention d’aucune autre autorité ecclésiastique ou laïque. En vertu de cette bulle papale, l’hôpital devint un Ordre religieux exempt de l’Eglise.
Le rôle de l’Ordre était de soigner et de défendre les malades et les pèlerins dans les territoires que les croisés avaient conquis aux musulmans. L’Ordre devint ainsi à la fois religieux et militaire. Tous ses Chevaliers étaient des religieux liés par les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.
L’Ordre adopta la croix blanche à huit pointes qui est encore aujourd’hui le symbole de St-Jean, et élargît sa mission à la défense de la chrétienté.
Dernier témoin architectural important attestant la présence de l’Ordre dans le village de Saint-Symphorien, les vestiges de l’imposante ferme située le long de la Chaussée Roi Baudouin, dite « Ferme Pêcher », dont la construction remonte au tout début du XVIIIème siècle. Elle comportait, outre sa ferme agricole, une chapelle, une forge, un four à pain et une brasserie des moines. Ces bâtiments étaient en leur temps visibles entre les numéros 93 et 105 de l’ancienne Chaussée de Binche. Il y a une vingtaine d’années, la grange (datée de l’an 1700 sur son pignon) fut pour partie incendiée et le propriétaire en décida la démolition… Hormis quelques dépendances magnifiquement préservées par un particulier, les autres bâtiments sont aujourd’hui modernisés et abritent les ateliers de boulangerie Dhondt tandis que les établissements Acar occupent partiellement l’ancienne forge et la brasserie.
Il convient de mentionner également que dans l’immeuble de la place occupé actuellement par le restaurant « Au Coq wallon », sur la cheminée de la première pièce, figurent des armoiries attestant la présence de l’Ordre dans le village. Ce blason (figure 3) est celui de Jean, André, Hercule de Rosset, duc de Fleury, marquis de Rocozel. En réalité tout s’explique lorque l’on découvre que cet immeuble servi de cure aux XVII et XVIIIèmes siècles et que de 1692 à 1712, le curé de la paroisse qui l’occupait, un certain Nicolas NICODEME, était lui-même membre de l’Ordre. Signalons aussi que sur la porte d’entrée figurait l’inscription suivante : « Alphonse, Prince de Lorraine, chef d’escadre – Commandeur du Hainaut 1704 ». L’histoire nous apprend que ce Prince fut tuée dans un combat naval devant Gibraltar le 24 août 1704.
Enfin, clôturons cette rubrique en faisant mention de la présence d’un autre symbôle de l’Ordre dans le porche de l’église, un agneau mystique ornant la clé de voute datant XVIe siècle.
A une dizaine de kilomètres à l’est de la ville de Sisteron (Alpes de Haute-Provence) se trouve l’attachant village de Saint-Symphorien abandonné de tous.
La route venant de la vallée de la Durance tourne dans les bois en franchissant de petit cols. Soudain apparaît la vallé du Vançon. Vaste site ou s’inscrit, inattendue, l’arche angulaire d’un pont. Le pont de la Reine Jeanne. Il est devant vous et, d’un saut hardi et vigoureux, franchit le torrent du Vançon. Un torrent vif, bien nourri, drainant depuis les Monges un immense pays. Au fond de cette clue que dominent au loin les hautes barres de Trénon n’habite que la solitude. Il n’y a personne autour de vous. Si, il y a le pont de sublime beauté et l’on perçoit sa présence comme un être de vie et de chair.
Le pont franchi, le chemin vous porte pédestrement à Saint-Symphorien, village abandonné de tous. Ces cinquante dernières années n’y habitait plus qu’une seule famille : le dernier des Bayle en fermant les yeux a livré le village à l’oubli. N’y résident plus actuellement que le soleil et le vent, ce vent qui use inlassablement de sa force aveugle les églises désertes et les maisons esseulées.
Et si des amoureux de vieilles pierres sauvaient ce cousin abandonné ? Prêt pour l’aventure ? Contactez-nous : symphorinois@skynet.be
Juillet 2008 : une maison est en construction à l’entrée du village. Serait-ce un gîte qui redonnerait vie aux lieux ? Espérons le…
Cette rubrique, présentée en trois parties, est réalisée grâce à des photographies et documents anciens mis à notre disposition par les symphorinois. Des images retrouvées dans de vieux albums, des greniers ou des brocantes qui évoquent un passé dans lequel il faisait bon vivre. De très nombreux documents sont à connotation religieuse. Il ne s’agit pas d’un choix délibéré mais de la simple constatation de l’importance du « Sacré » dans le vécu populaire quotidien d’antan.
D’après les notes de feu Arthur Durant lesquelles décrivent avec précision ce sanctuaire depuis le XIIe siècle.
La présentation actuelle de l’édifice révèle trois époques bien distinctes : – la plus ancienne est le chœur à chevet polygonal du XIIème siècle ; – puis vient le clocher, en pierres de taille, dont les origines se situent aux environs de 1450 ; il abrite une belle gamme de trois cloches dont deux datent de 1708 et sont toujours en service ; – l’agrandissement des nefs a été décidé en 1708 par l’Ordre de Malte et les travaux dirigés par les architectes Merlin et Debrissy ; le curé Délizée entreprit en 1933 la restauration complète de l’église et ce fut une réussite sans précédent : le plâtras a été enlevé, une corniche vétuste qui contrariait l’élan des voûtes a été supprimée ; briques et pierres, dans leur état naturel, laissent apparaître de fort jolies voûtes ainsi que deux piliers de matériaux de remploi provenant de l’ancienne église.
Le porche d’entrée est formé de voûtes d’ogives sur culots à nervures et formerets hennuyers avec une splendide clé portant un agneau sculpté (XVIème siècle).
En pénétrant dans le sanctuaire le visiteur est impressionné par la grande clarté qui y règne ainsi que par le bel autel moderne qui se trouve au rond du choeur et qui est dominé par un grand crucifix datant de la mission de 1871; il remplace un ancien autel vétuste. Les deux autels latéraux, de style Renaissance datent de 1640 et l’ancien maître-autel était de la même époque. Une statue en bois de Saint-Symphorien orne l’ autel du Patron de la paroisse. Une fort belle statue, don de la Baronne de Saint-Symphorien, domine l’autel de la Vierge et un tableau de 1767 représente trois religieuses d’Epinlieu contemplant une apparition de la Vierge avec l’Enfant Jésus et le diable qui fuit à cette approche. On y remarquera les armoiries de l’ Abbaye qui se composent de trois églantines. Sur l’autel un beau crucifix en ivoire, don de la Paroisse lors du départ de l’ Abbé Délizée et placé à cet endroit suivant son désir, après sa mort. Enfin au sommet de l’autel, dans une loge, surmontée d’un dais, une Pietà attribuée au XVe siècle. Près de l’autel un cadre de fer forgé par Jacobs, artiste montois entourant une gravure de Notre-Dame de Grâces.
Les fonds baptismaux (XVIIIème) étaient décorés d’un tableau découvert sous celui de l’autel de la Vierge lors d’une restauration de ce dernier. Il figure la Vierge prenant six religieuses d’Epinlieu sous sa protection, l’Abbesse Humbeline Migoet étant représentée ainsi que ses armoiries, trois têtes de Maures, et sa devise « Virtus et Amor ». Il existe deux autres tableaux : Sainte Cécile à l’orgue de l’école Italienne et une mauvaise copie d’un fragment de l’ Assomption de Rubens.
Concernant l’orgue et les cloches, voyez infra la rubrique « Musiques célestes ».
Ancien sanctuaire religieux, l’église, bien que d’apparence modeste, recèle un véritable trésor : la précieuse châsse du XIIème siècle, joyau inestimable de l’art mosan qui a figuré à plusieurs reprises dans des expositions d’art ancien religieux
Il s’agit d’un coffre en chêne, recouvert de cuivre finement ciselé, représentant sur les côtés les douze apôtres, sur le toit, les vertus théologales, au faîte une belle galerie de grosses perles en cristal de roche, les pignons figurant le Sauveur et la Vierge en belle ronde-bosse, le tout enrichi de beaux émaux mosans de grande valeur archéologique.
On peut y lire « F O R T I T U D O . P R U D E N T I A . J U S T I C I A » en caractères latins, soit Bravoure Prudence Justice.
La châsse contient des reliques de l’époque des croisades : terre du Mont des Oliviers, relique du temple de Jérusalem et de la cité de Nazareth. Il y a quelques années la chasse fut ouverte et on put ainsi vérifier l’exactitude de ces renseignements. C’est à cette occasion qu’il y a été introduit une relique de Saint-Symphorien, authentifiée par Monseigneur Lebrun, évêque d’Autun où a été consommé le martyre du saint.
La châsse repose dans l’église sur un socle de style roman. C’est l’existence de cette châsse qui donne lieu à la grande procession qui chaque année déroule son cortège sur un parcours de quelques quinze kilomètres Nous reviendrons sur les processions du village dans le chapitre » La Confrérie ». Voyez également ci-après la rubrique « Le Grand Tour » (évocation photographique).Une rubrique spéciale est, par ailleurs, consacrée à « La châsse en détails ».
Traditionnellement, le pélérinage à Saint-Symphorien et son tour multiséculaire se déroulent le jeudi qui suit la Pentecôte. Cette tradition veut que lors de l’attribution de la paroisse de Saint-Symphorien à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1177, Mgr Allard, évêque de Cambrai, ait apporté la châsse. Pour conjurer le sort et mettre fin au fléau de l’époque, la peste (cf. infra la chapelle SAINT-ANTOINE-EN-BARBEFOSSE), les habitants décidèrent de processionner ladite châsse autour du village pour éradiquer le mal. La peste disparut et le tour se perpétra au cours des siècles.
Comparons, en bons montois, avec la procession multiséculaire du Car d’Or. A l’origine de celle-ci, la terrible épidémie de peste de 1349. Pour combattre le fléau, les autorités religieuses décidèrent d’implorer la miséricorde et l’assistance des saints de la cité du Doudou. Le 7 octobre 1349, le clergé et la population de Mons partirent en procession avec les reliques de Sainte Waudru. Le mal cessa et la procession perdura en guise de reconnaissance.
[Sources : Jean DEMULLANDER, Saint-Symphorien, Emeraude du Hainaut. – Jean DEROUBAIX, Le Dictionnaire du Hainaut. – Le Patrimoine monumental de la Belgique, Tome 4, Hainaut/Mons.]