Ou le menhir des irréductibles symphorinois.
Vers 1860, le fermier PISCART, labourant un champ du baron de Saint-Symphorien, situé au bout du sentier de la Violette, au sud du village, au sommet de la côte avant la descente sur Harmignies, heurta plusieurs fois une pierre enterrée et brisa même le soc de sa charrue. Sur ordre du Baron, il déterra ladite pierre et la transporta dans le parc du château où elle resta pendant quelques 90 années.
La propriétaire du château, Mademoiselle Emmy Maigret de Priches fit don de la pierre à la ville de Mons où elle fut transportée le 17 octobre 1951, puis érigée sur la pelouse du Jardin du Mayeur, faisant face à l’ancien musée d’histoire et d’archéologie. Le mégalithe s’y trouve encore aujourd’hui, ignoré de tous…
Le sentier de la Violette (déformation paysanne de voiette c’est-à-dire petite voie) est en réalité un itinéraire préhistorique joignant Saint-Symphorien à Dompierre, près d’Avesnes (France-Nord). Or Saint-Symphorien et Dompierre furent des lieux importants de pèlerinage. Par ailleurs, la pierre fut trouvée en un point culminant, visible, à l’époque, de la place de Saint-Symphorien et indiquant la direction à prendre pour aller à Dompierre ! De surcroît, le tumulus de Givry est près du même itinéraire (entre Givry et Villers Sire Nicole) et est visible du point où fut trouvée la pierre.
Pierre et tumulus furent donc deux jalons de cette piste de pèlerinage et de l’itinéraire préhistorique.
Le menhir a 2,50 mètres de hauteur. Une de ses faces est relativement plane tandis que l’autre est bosselée. Cette dernière porte toutefois une plage rigoureusement plane et polie, ce qui fait admettre qu’elle a servi de polissoir néolithique, avant d’être érigée en menhir, indicateur d’itinéraires. La pierre est large de 90 cm à sa base et de 130 cm en sa plus grande largeur. Son épaisseur varie de 30 à 35 cm et son poids est d’environ 2.500 kg.
Oublié, ignoré de tous, notre mégalithe se languit au fin fond du Jardin du Mayeur. Aucune indication n’en rappelle ni l’origine ni l’histoire. Anachronisme supplémentaire : le musée a disparu pour céder sa place à des bureaux en cours d’aménagement destinés à l’administration communale, semble-t-il. Ne serait-il pas mieux parmi les siens, au centre du village, sur notre belle place de Saint-Symphorien où une plaque commémorative en rappellerait l’origine ? Nul doute que les enfants des écoles pourraient y recevoir un cours d’histoire vivante de leur région !
La présente rubrique a été mise en ligne sur le site le 17 novembre 2005.
Indéniablement, une affaire à suivre …
Première réaction : la Confrérie Saint-Symphorien a adressé le 26 novembre 2005 une lettre au bourgmestre de Mons demandant le retour de notre menhir (voir ci-dessous).
BONNE NOUVELLE : ce 18 janvier 2006, ladite Confrérie nous fait savoir qu’elle a été informée du fait qu’en date du 21 décembre 2005, le Collège des Bourgmestre et Echevins de la ville de Mons avait marqué son accord de principe sur le retour à Saint-Symphorien du mégalithe « sous forme d’un dépôt permanent » (…); l’implantation de la pierre interviendrait sur la Place communale de Saint-Symphorien selon des modalités concrètes déterminées en fonction des remarques des Services communaux et en collaboration étroite avec eux. »
Un beau succès pour la Confrérie Saint-Symphorien et un geste très élégant de la part des autorités communales. Nul doute que les symphorinois apprécieront !
20 mars 2007 : « IL » est de retour sur notre belle place du village.
Une belle histoire…
Sources de documentation de la présente rubrique :
1/ Willy Ch. Et Marcel L. BROU. – « Nos pierres et leurs légendes – Répertoire non exhaustif des mégalithes existants ou disparus et des toponymes mégalithiques à étudier en Gaule Belgique ». Dépôt 1979/Ed. Techniques et Scientifiques. Bruxelles.
2/ « Au fil de l’Estinnes, les clochers de Leptines », Estinnes Passé, Présent, Futur. D/1991/ASBL « Leptines 1250 », éditeur, 7120 Estinnes-au-Val
3/ HOUZEAU DE LEHAIE (Charles) — « Les chemins préhistoriques, leurs relations avec les monuments mégalithiques et les pèlerinages » – Annales du Cercle Archéologique de Mons Tome 61, 1948-1949.
©Texte de Bernard Detry