D’après les notes de feu Arthur Durant lesquelles décrivent avec précision ce sanctuaire depuis le XIIe siècle.
La présentation actuelle de l’édifice révèle trois époques bien distinctes :
– la plus ancienne est le chœur à chevet polygonal du XIIème siècle ;
– puis vient le clocher, en pierres de taille, dont les origines se situent aux environs de 1450 ; il abrite une belle gamme de trois cloches dont deux datent de 1708 et sont toujours en service ;
– l’agrandissement des nefs a été décidé en 1708 par l’Ordre de Malte et les travaux dirigés par les architectes Merlin et Debrissy ; le curé Délizée entreprit en 1933 la restauration complète de l’église et ce fut une réussite sans précédent : le plâtras a été enlevé, une corniche vétuste qui contrariait l’élan des voûtes a été supprimée ; briques et pierres, dans leur état naturel, laissent apparaître de fort jolies voûtes ainsi que deux piliers de matériaux de remploi provenant de l’ancienne église.
Le porche d’entrée est formé de voûtes d’ogives sur culots à nervures et formerets hennuyers avec une splendide clé portant un agneau sculpté (XVIème siècle).
En pénétrant dans le sanctuaire le visiteur est impressionné par la grande clarté qui y règne ainsi que par le bel autel moderne qui se trouve au rond du choeur et qui est dominé par un grand crucifix datant de la mission de 1871; il remplace un ancien autel vétuste. Les deux autels latéraux, de style Renaissance datent de 1640 et l’ancien maître-autel était de la même époque. Une statue en bois de Saint-Symphorien orne l’ autel du Patron de la paroisse. Une fort belle statue, don de la Baronne de Saint-Symphorien, domine l’autel de la Vierge et un tableau de 1767 représente trois religieuses d’Epinlieu contemplant une apparition de la Vierge avec l’Enfant Jésus et le diable qui fuit à cette approche. On y remarquera les armoiries de l’ Abbaye qui se composent de trois églantines. Sur l’autel un beau crucifix en ivoire, don de la Paroisse lors du départ de l’ Abbé Délizée et placé à cet endroit suivant son désir, après sa mort. Enfin au sommet de l’autel, dans une loge, surmontée d’un dais, une Pietà attribuée au XVe siècle. Près de l’autel un cadre de fer forgé par Jacobs, artiste montois entourant une gravure de Notre-Dame de Grâces.
Les fonds baptismaux (XVIIIème) étaient décorés d’un tableau découvert sous celui de l’autel de la Vierge lors d’une restauration de ce dernier. Il figure la Vierge prenant six religieuses d’Epinlieu sous sa protection, l’Abbesse Humbeline Migoet étant représentée ainsi que ses armoiries, trois têtes de Maures, et sa devise « Virtus et Amor ».
Il existe deux autres tableaux : Sainte Cécile à l’orgue de l’école Italienne et une mauvaise copie d’un fragment de l’ Assomption de Rubens.
Concernant l’orgue et les cloches, voyez infra la rubrique « Musiques célestes ».
Ancien sanctuaire religieux, l’église, bien que d’apparence modeste, recèle un véritable trésor : la précieuse châsse du XIIème siècle, joyau inestimable de l’art mosan qui a figuré à plusieurs reprises dans des expositions d’art ancien religieux
Il s’agit d’un coffre en chêne, recouvert de cuivre finement ciselé, représentant sur les côtés les douze apôtres, sur le toit, les vertus théologales, au faîte une belle galerie de grosses perles en cristal de roche, les pignons figurant le Sauveur et la Vierge en belle ronde-bosse, le tout enrichi de beaux émaux mosans de grande valeur archéologique.
On peut y lire « F O R T I T U D O . P R U D E N T I A . J U S T I C I A » en caractères latins,
soit Bravoure Prudence Justice.
La châsse contient des reliques de l’époque des croisades : terre du Mont des Oliviers, relique du temple de Jérusalem et de la cité de Nazareth. Il y a quelques années la chasse fut ouverte et on put ainsi vérifier l’exactitude de ces renseignements. C’est à cette occasion qu’il y a été introduit une relique de Saint-Symphorien, authentifiée par Monseigneur Lebrun, évêque d’Autun où a été consommé le martyre du saint.
La châsse repose dans l’église sur un socle de style roman. C’est l’existence de cette châsse qui donne lieu à la grande procession qui chaque année déroule son cortège sur un parcours de quelques quinze kilomètres Nous reviendrons sur les processions du village dans le chapitre » La Confrérie ». Voyez également ci-après la rubrique « Le Grand Tour » (évocation photographique).Une rubrique spéciale est, par ailleurs, consacrée à « La châsse en détails ».
Traditionnellement, le pélérinage à Saint-Symphorien et son tour multiséculaire se déroulent le jeudi qui suit la Pentecôte. Cette tradition veut que lors de l’attribution de la paroisse de Saint-Symphorien à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1177, Mgr Allard, évêque de Cambrai, ait apporté la châsse. Pour conjurer le sort et mettre fin au fléau de l’époque, la peste (cf. infra la chapelle SAINT-ANTOINE-EN-BARBEFOSSE), les habitants décidèrent de processionner ladite châsse autour du village pour éradiquer le mal. La peste disparut et le tour se perpétra au cours des siècles.
Comparons, en bons montois, avec la procession multiséculaire du Car d’Or. A l’origine de celle-ci, la terrible épidémie de peste de 1349. Pour combattre le fléau, les autorités religieuses décidèrent d’implorer la miséricorde et l’assistance des saints de la cité du Doudou. Le 7 octobre 1349, le clergé et la population de Mons partirent en procession avec les reliques de Sainte Waudru. Le mal cessa et la procession perdura en guise de reconnaissance.
[Sources : Jean DEMULLANDER, Saint-Symphorien, Emeraude du Hainaut. – Jean DEROUBAIX, Le Dictionnaire du Hainaut. – Le Patrimoine monumental de la Belgique, Tome 4, Hainaut/Mons.]
©Texte de Bernard Detry