La Chapelle St Antoine

Bien que située quelques centaines de mètres en dehors du périmètre du territoire de Saint-Symphorien, à savoir à la lisière du bois d’Havré derrière la clairière de la Longue-Roië, il est important de faire découvrir cette chapelle trop ignorée.

L’histoire de la chapelle de Saint-Antoine en Barbefosse nous replonge dans la période des épidémies ayant frappé Mons et ses villages avoisinants au Moyen-Age. Châsses et processions retrouvent ici leur légitimité.

Erigé derrière l’actuel Institut provincial de promotion de la santé (Domaine provincial du Bois d’Havré, rue St-Antoine, 1 – 7021 Havré), à l’Ouest de la bretelle d’autoroute et du château d’Havré, cet ancien oratoire se présente sous la forme d’un petit édifice gothique long de 10 mètres et large de 6,45 mètres blotti dans un creux de terrain planté d’arbres construit entre 1389 et 1409.

La chapelle fut élevée à l’emplacement d’un petit ermitage dédié à Saint-Antoine, après l’épidémie de « mal des Ardents » de 1382. Au Moyen Age, le mal des Ardents, appelé ainsi parce qu’il donnait l’impression d’avoir le ventre dévoré par le feu, s’appelait aussi « feu Saint-Antoine », lequel saint fut invoqué contre les épidémies.

S’il faut en croire un manuscrit de 1598, des chevaliers hennuyers, en route vers Jérusalem en 1352, promirent de se mettre au service des Antonins s’ils échappaient aux Turcs qui les assiégeaient dans l’île de Rhodes. Rentrés sains et saufs, ils reçurent l’autorisation du pape de fonder l’Ordre Militaire et Hospitalier de Saint-Antoine, un ordre plus proche de l’esprit chevaleresque que de l’idéal religieux, et qui n’avait rien à voir avec l’Ordre des Antonins. Les chevaliers de Saint-Antoine souhaitaient s’installer à Mons mais personne n’accepta de les accueillir. En 1362, alors que le Connétable de l’Ordre traversait le bois d’Havré, il découvrit une clairière entourée de ronces. Avec l’appui de Gérard d’Havré, les chevaliers construisirent une petite chapelle flanquée d’une chambrette pour y loger un ermite. L’oratoire abritait un crucifix, une statue de la vierge et celle de Saint-Antoine. Un Montois victime du « mal des Ardents » vint y prier et obtint la guérison. Un charpentier de Gottignies connut là une grâce identique.

Durant l’épidémie du mal des Ardents qui s’abattit sur la région de Mons en 1382 et la peste de 1400, une foule accourut à l’oratoire et y laissa de nombreuses offrandes afin de bâtir une chapelle aux dimensions plus importantes. Le seigneur d’Havré, Gérard d’Enghien, surnommé « le Barbe », et dont le pavillon de chasse se trouvait à proximité, donna son accord pour l’édification d’une chapelle nouvelle et on extraya du sol d’Havré les pierres nécessaires à cette construction. En remerciement à Gérard d’Enghien, on appela la chapelle « Saint-Antoine-en-Barbefosse » (fosse car la chapelle se trouve dans un creux).

« A PESTE, FAME ET BELLO, LIBERA NOS, SANCTE ANTONI » 

De la peste, de la faim et de la guerre, délivre-nous Saint-Antoine. Inscription figurant sur une statue du saint dans la chapelle.

Albert de Bavière, Comte de Hainaut, désira perpétuer le souvenir de la cessation du fléau de 1382. Il institua à cette époque dans le comté l’Ordre des Chevaliers de Saint-Antoine. Le siège de cet ordre fut établi dans la chapelle qui possédait une nef et un chœur. Les sires d’Antoing, de Ligne, d’Havré et de Longueval furent les premiers membres sous l’autorité d’un grand maître (le premier fut Albert de Bavière et le dernier, en 1700, le Roi d’Espagne). C’était à Barbefosse que les chevaliers recevaient le collier de l’ordre et plusieurs y désignèrent leur lieu de sépulture. Des seigneurs étrangers pouvaient se joindre à l’ordre.

Des armoriaux anciens représentèrent les différents blasons des membres. Un exemplaire acquis par le chanoine PUISSANT est actuellement la propriété de la Bibliothèque de l’Université de l’Etat de Mons. Nous reproduisons in fine de cette rubrique le folio 20 recto de cet armorial. 

[Source : Le culte de St-Antoine-en-Barbefosse – Willy Staquet – Haynau, revue d’histoire religieuse du comté et de la province de Hainaut, n°4 octobre 1992] 

Les environs de la chapelle vus par satellite (Google Earth).
Le hameau Saint-Antoine et la chapelle sur un plan cadastral du milieu du XIXème siècle (plan POPP).
La chapelle blottie dans son vallon.
Armoiries sur la façade au dessus du porche d’entrée.
L’intérieur de la chapelle est rarement visible – Vue depuis une ouverture de la porte.
Armorial de Saint-Antoine-en-Barbefosse – folio 20 recto. Inscription au centre-droit : « Ma tresdoubtee Dame marguerite de bourgogne Contesse de haynau holandes et zelandes ». Remarquez le collier, le tau (croix) et la clochette d’or.
Une stèle adossée à la chapelle témoigne d’une épidémie subséquente vers 1616.

©Texte de Bernard Detry

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